Pourquoi gagner à Monaco est le rêve ultime de tout pilote de F1

Avant l’édition 2024, nous expliquons pourquoi cette course unique et improbable est si importante pour le sport automobile. Monaco est une épreuve à part, qui marie le glamour et le prestige d’un gala hollywoodien avec la vitesse pure. Retour sur presque un siècle d’histoire d’une course mythique.

Monaco, le rêve de tout pilote de F1

Demandez à n’importe quel pilote de Formule 1 quelle course il voudrait gagner s’il ne pouvait remporter qu’une seule victoire dans sa carrière, et la réponse sera presque invariablement le Grand Prix de Monaco. Des leaders comme Max Verstappen (Red Bull) aux pilotes de fond de grille, tous rêvent de brandir le trophée tant convoité aux côtés de la famille royale monégasque dimanche après-midi.

« Monaco est l’une des épreuves les plus prestigieuses, avec une tradition incroyable », explique la légende des circuits Mario Andretti, champion du monde 1978 qui n’a jamais réussi à s’imposer en Principauté malgré ses autres grands succès.

Quand les outsiders créent la surprise

Mais même les outsiders les plus improbables peuvent avoir leur jour de gloire. Alors qu’un pilote de fond de grille a très peu de chances de victoire sur n’importe quelle autre course de la saison, l’histoire a montré à plusieurs reprises qu’à Monaco, n’importe qui peut gagner si des circonstances exceptionnelles jouent en sa faveur, malgré la difficulté de dépassement sur ce circuit urbain étroit.

Le GP de Monaco est une course à nulle autre pareille, où les superyachts font office de tribunes pour les propriétaires milliardaires et leurs invités célébrités en provenance du Festival de Cannes. Pendant ce temps, les meilleurs pilotes du monde poussent leurs bolides dans leurs derniers retranchements, à quelques centimètres de barrières impitoyables, dans un lieu qui n’était pas prévu pour la course à l’origine. Étonnamment pourtant, le Grand Prix de Monaco est un rendez-vous incontournable du sport automobile depuis 1929.

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Un circuit lent mais intense

Jenson Button, vainqueur en 2009, évoquait la réalisation d’un rêve d’enfant. « Monte-Carlo est un endroit où chaque pilote veut gagner, mais y parvenir est tellement satisfaisant car on sait qu’on a dompté l’un des tracés les plus difficiles du sport automobile », déclarait-il. En ce sens, cette course est un paradoxe : dans un sport qui ne jure que par la vitesse, ce circuit urbain est à la fois le plus lent du calendrier et l’un des plus dangereux.

Lewis Hamilton, septuple champion du monde, a lui expliqué que malgré la faible vitesse moyenne, Monaco donne toujours une impression de rapidité intense « car l’accélération est si soudaine et les murs si proches : il n’y a vraiment aucune place pour l’erreur ».

Un tracé unique et piégeux

De l’épingle du Grand Hôtel au tunnel, chaque virage est un défi unique qui repousse les limites du talent et du courage. Le recordman des victoires, avec 6 succès dont 5 consécutifs de 1989 à 1993, est le regretté Ayrton Senna. Il avait décrit un tour de qualification à Monaco en des termes presque surnaturels, évoquant un état de conscience modifiée où il avait l’impression de se voir de l’extérieur.

Oubliez les larges circuits aux virages amples. Monaco, à ces vitesses, c’est comme un tunnel, des montagnes russes serrées et tortueuses qui exigent une précision au millimètre près. Ici, mémoriser les bosses, les lignes blanches glissantes et chaque subtile nuance de l’asphalte est primordial. Depuis sa création, le tracé a très peu changé, avec des virages comme Casino, la chicane de la Piscine ou La Rascasse qui sont entrés dans la légende, chacun pouvant être le théâtre de la gloire ou du désastre.

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Quand la pluie s’invite à la fête

Si tous les pilotes vous diront que partir en pole est presque indispensable pour l’emporter sur ce tracé où doubler est mission impossible, l’histoire a souvent produit des scénarios fous. La pluie torrentielle, ennemie des leaders qui espèrent une procession tranquille de la pole à l’arrivée, s’est souvent révélée la clé du succès pour ceux dont la monoplace n’était pas à la hauteur.

La pluie a écrit certains des moments les plus mémorables de l’histoire épique de Monaco, comme la course qui a révélé Ayrton Senna il y a 40 ans. Parti 13ème sur une modeste Toleman, le rookie brésilien a surclassé tout le monde sous le déluge, doublant même le leader Prost avant que la course ne soit arrêtée. Même s’il sera classé 2ème, la légende Senna était née.

Des victoires uniques pour des Français

La pluie a aussi offert à deux Français leur unique victoire en F1. Jean-Pierre Beltoise s’est imposé en 1972 sur une BRM peu compétitive, et Olivier Panis a triomphé en 1996 au volant de sa Ligier partie 14ème sur la grille. Avec les abandons en cascade des favoris, il n’a devancé que 2 autres voitures à l’arrivée, un record.

L’Italien Jarno Trulli a aussi fait de Monaco son seul succès en F1, en 2004 sur Renault. Il avait dévoilé son secret pour bien négocier ce tracé : se lever à 4h du matin la semaine précédant la course pour faire un footing sur le circuit quand il n’y a pas de trafic, afin de connaître chaque bosse et virage par cœur.

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Un défi pour la F1 moderne

Malgré le statut légendaire de Monaco, des questions demeurent. Cette course si éloignée des standards de sécurité actuels peut-elle perdurer ? La F1, en constante évolution technologique, peine à concilier ses bolides ultra-sophistiqués avec les limites des rues monégasques.

L’un des aspects les plus impressionnants de l’épreuve a aussi disparu avec l’arrivée des moteurs hybrides en 2014 et leur son moins tonitruant dans les rues de la Principauté. « Le son doit être amélioré », estimait récemment le pilote Lando Norris en comparant les F1 d’aujourd’hui à celles d’antan.

Et malgré quelques courses chaotiques, le manque de dépassements reste un problème dû à l’étroitesse et la sinuosité du tracé urbain. Pourtant, ce Grand Prix est trop mythique et ancré dans l’ADN de la F1 pour être éliminé. Comme le disait Stefano Domenicali, patron de Ferrari puis de la F1, « la Formule 1 ne peut pas exister sans Monaco ».

Alors rendez-vous dimanche pour un nouveau chapitre de cette fascinante histoire d’amour entre la F1 et la Principauté, sur fond de strass, de paillettes et d’exploits sportifs. En espérant un nouveau coup d’éclat à la Senna ou Panis pour marquer les esprits et perpétuer la légende !

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