L’industrie automobile européenne traverse une période particulièrement délicate. Face à la concurrence chinoise grandissante et aux objectifs ambitieux de réduction des émissions de CO2, les constructeurs lancent un appel à l’aide auprès des instances européennes.
L’année 2024 a marqué un tournant difficile pour le secteur automobile en Europe. Les ventes de véhicules électriques ont marqué le pas avec une baisse de 3%, tandis que certains pays comme la France peinent à atteindre leurs objectifs de transition, avec seulement 5,6% de parts de marché pour les véhicules zéro émission.
La réglementation CAFE au cœur des préoccupations
Le début 2025 apporte son lot de défis avec l’entrée en vigueur de la nouvelle phase de la réglementation CAFE (Clean Air For Europe). Cette directive impose une réduction drastique des émissions moyennes de CO2 des véhicules neufs, passant de 115,1 g/km à 93,6 g/km – soit une baisse de plus de 18%.
Les constructeurs qui ne respecteront pas ces seuils s’exposent à des amendes conséquentes : 95 euros par gramme de CO2 excédentaire et par véhicule. Une épée de Damoclès qui menace la rentabilité du secteur.
L’appel des constructeurs européens
Face à cette situation, l’Association des Constructeurs Européens d’Automobiles (ACEA) a adressé une lettre ouverte aux dirigeants européens. Le message est clair : la transition vers une mobilité décarbonée doit être guidée par le marché plutôt que par des sanctions financières.
L’ACEA plaide pour une approche plus flexible du Pacte Vert européen, qui prévoit notamment l’arrêt des ventes de véhicules thermiques neufs en 2035. Les constructeurs souhaitent transformer la décarbonation en un modèle économique viable, tout en réaffirmant leur engagement pour la neutralité carbone à l’horizon 2050.
La réponse mesurée de Bruxelles
La Commission européenne a accepté d’ouvrir le dialogue avec l’industrie automobile. Une première réunion stratégique est programmée pour le 30 janvier, rassemblant constructeurs, partenaires sociaux et autres parties prenantes.
L’enjeu est de taille : préserver la compétitivité d’un secteur stratégique pour l’économie européenne tout en maintenant le cap sur les objectifs climatiques. La question qui se pose maintenant est de savoir si un compromis pourra être trouvé pour accompagner cette transition sans mettre en péril la pérennité des constructeurs européens.
(Une situation qui rappelle étrangement le passage aux normes antipollution des années 90, où les constructeurs avaient déjà dû s’adapter dans l’urgence)
Le débat reste ouvert sur la meilleure façon d’encourager l’innovation et la transition écologique dans l’industrie automobile. Les prochaines semaines seront décisives pour l’avenir du secteur en Europe.