En résumé
- Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie, a récemment déclaré que réduire les émissions mondiales de méthane de 30 % d’ici 2030 aurait le même effet sur le réchauffement climatique que de faire passer l’ensemble du secteur des transports à des émissions nettes de CO2 nulles.
- Pour le transport routier de longue distance, le diesel alimenté au méthane pourrait devenir une solution plus viable que l’électrique à batterie ou à pile à combustible hydrogène.
- En complément de l’électrique, le diesel alimenté au méthane pourrait contribuer à maintenir notre mobilité tout en réduisant les émissions globales de gaz à effet de serre.
Le diesel, longtemps décrié pour ses émissions polluantes, pourrait bien revenir sur le devant de la scène grâce à des découvertes récentes sur ses effets indirects sur le réchauffement climatique. Analysons les nouvelles données et les perspectives pour ce carburant controversé.
Le rôle méconnu du diesel dans la réduction du méthane
On savait que de tous les moteurs thermiques, le diesel était celui qui émettait le moins de CO2, principal gaz à effet de serre. Mais ce que l’on vient de découvrir, c’est qu’il contribuait aussi, et d’une tout autre manière, à la lutte contre le réchauffement climatique.
Selon une étude internationale publiée dans la revue Nature, la concentration de méthane dans la haute atmosphère avait connu une augmentation inédite en 2020. La principale explication serait la diminution des émissions d’oxydes d’azote (NOx) due au grand confinement mondial cette année-là. Les NOx, principalement émis par les moteurs diesel, se transforment sous l’effet du rayonnement solaire en hydroxyle (OH), un radical qui décompose le méthane dans l’atmosphère.
Les gaz à tous les étages : une situation complexe
Le méthane, composant majeur du gaz naturel utilisé dans nos centrales électriques, chaudières et gazinières, a un potentiel de réchauffement instantané 80 fois supérieur à celui du CO2. Même en tenant compte de sa durée de vie plus courte, il reste 27 fois plus puissant que le CO2.
Réduire les émissions de méthane, qui proviennent de nombreuses sources (élevage, décomposition des matières organiques, extraction et transport de combustibles fossiles), est devenu une priorité mondiale. Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie, a récemment déclaré que réduire les émissions mondiales de méthane de 30 % d’ici 2030 aurait le même effet sur le réchauffement climatique que de faire passer l’ensemble du secteur des transports à des émissions nettes de CO2 nulles.
Des solutions innovantes pour capter le méthane
L’industrie gazière et le secteur agricole ont commencé à développer des technologies pour capter le méthane. Si la limitation des émissions via l’alimentation des bovins reste un défi, il est désormais possible de capter le méthane au niveau des toitures des étables ou même au pré, directement au museau des animaux. Les déjections peuvent également être méthanisées pour produire du biogaz injecté dans les réseaux de gaz urbains.
Cette production locale de biogaz pourrait également alimenter les tracteurs, car le moteur diesel est particulièrement adapté au fonctionnement au méthane. Cela réduit les émissions de particules tout en maintenant les émissions de NOx, ce qui pourrait paradoxalement contribuer à réduire le méthane atmosphérique.
Le diesel méthane : une alternative crédible au transport longue distance
Pour le transport routier de longue distance, le diesel alimenté au méthane pourrait devenir une solution plus viable que l’électrique à batterie ou à pile à combustible hydrogène. Produire de l’hydrogène proprement nécessiterait d’importantes infrastructures énergétiques, alors que le méthane est plus facile à produire à partir de déchets organiques.
Le projet européen de faire rouler 100 000 camions à hydrogène d’ici 2030 nécessiterait des investissements massifs en énergie solaire ou nucléaire pour produire l’hydrogène par hydrolyse de l’eau. En comparaison, le méthane pourrait être une solution plus pragmatique et immédiate.
La fin du gazole russe et les impacts économiques
L’embargo occidental sur les hydrocarbures russes, incluant le gazole raffiné, prendra effet le 5 février. Cela forcera l’Europe à importer son gazole d’autres régions, ce qui augmentera inévitablement les prix à la pompe. Le méthane pourrait donc jouer un rôle complémentaire important dans la transition énergétique.
La production de méthane à partir de déchets organiques pourrait réduire notre dépendance aux combustibles fossiles importés, même si cette solution ne suffira pas à remplacer entièrement les volumes actuellement consommés.
Un avenir pour le diesel en complément de l’électrique
Malgré les incertitudes et les défis énergétiques, le diesel pourrait encore jouer un rôle dans notre futur énergétique. En complément de l’électrique, le diesel alimenté au méthane pourrait contribuer à maintenir notre mobilité tout en réduisant les émissions globales de gaz à effet de serre.
La mécanique diesel reste pertinente pour les gros véhicules et les longs trajets. Avec les récentes hausses des tarifs de recharge électrique et les pénuries de métaux rares, il est possible que le diesel, en conjonction avec les nouvelles technologies de capture et de production de méthane, fasse partie des solutions pour une transition énergétique équilibrée.
En conclusion, bien que le diesel n’offre pas de solution miracle, il pourrait bien être une pièce importante dans le puzzle complexe de notre avenir énergétique.
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