Pour réduire sa consommation et ses émissions, il est souvent conseillé de conduire à bas régime en utilisant les rapports longs. Mais attention, pousser cette logique à l’extrême peut nuire gravement à votre moteur. Voici comment trouver le juste milieu entre performance et économie, pour préserver votre mécanique sur le long terme.
Les bienfaits de l’écoconduite en question
Depuis plusieurs années, les automobilistes sont incités à adopter une conduite plus souple et plus économe, pour deux raisons principales :
- Réduire leur budget carburant, dans un contexte de prix élevés à la pompe, surtout depuis le début de la guerre en Ukraine.
- -imiter leurs émissions de CO2 pour des raisons écologiques, même si cet argument pèse moins lourd que le premier dans les choix des conducteurs.
Les constructeurs ont suivi le mouvement en proposant des boîtes de vitesses aux rapports plus longs, surtout sur les modèles à transmission automatique. Certaines voitures vont même jusqu’à conseiller au conducteur de passer le rapport supérieur, via l’ordinateur de bord.
Mais attention, abuser des bas régimes peut aussi avoir des conséquences très négatives pour votre moteur. Il faut donc trouver le bon équilibre.
Chaque moteur a sa plage de fonctionnement optimale
Pour bien comprendre les enjeux, il faut d’abord savoir que chaque moteur délivre sa puissance minimale et maximale à un régime spécifique. C’est ce qu’on appelle la courbe de puissance. La connaître est essentiel pour ne pas aller trop haut, ni trop bas dans les tours.
Ensuite, il y a la question de la température de fonctionnement. Un moteur a besoin d’atteindre sa température optimale pour être bien lubrifié et limiter l’usure. Tant que cette température n’est pas atteinte (moteur « froid »), il faut éviter de trop monter dans les tours sous peine de grippage.
C’est encore plus vrai sur les moteurs réputés fragiles comme les diesels ou les blocs turbo essence. Les trajets trop courts qui ne permettent pas au moteur de bien chauffer sont d’ailleurs un facteur de vieillissement prématuré.
Les dangers du surrégime
Une fois la température optimale atteinte, rien ne sert non plus d’abuser des hauts régimes. Cela entraîne :
- Une surconsommation et une hausse des émissions polluantes
- Une augmentation des nuisances sonores
- Un risque de surchauffe du moteur, surtout en été
Les risques de rouler trop bas dans les tours
À l’inverse, rouler systématiquement à bas régime pour économiser à tout prix peut coûter cher en réparations. Si vous exagérez avec les rapports longs :
- Le moteur vibrera excessivement, ce qui nuit à la combustion, à la lubrification et à la longévité de l’embrayage ou des injecteurs.
- Il mettra plus de temps à atteindre sa température idéale.
- Vous manquerez de reprise pour accélérer ou doubler en sécurité.
- La consommation et la pollution augmenteront de façon paradoxale.
- Vous risquez d’encrasser prématurément les filtres, sondes et autres organes de dépollution.
Trouver le bon régime selon la situation
L’idéal est donc de respecter une plage de régimes qui permet au moteur de fonctionner de façon optimale, sans forcer. Cela implique de rétrograder sans hésiter dans certaines situations :
- Lors des dépassements
- Dans les fortes côtes
- Aux insertions sur voie rapide
- Quand la climatisation réduit la puissance disponible
- De temps en temps sur autoroute, pour nettoyer les injecteurs et la ligne d’échappement
À l’inverse, il est préférable de passer les rapports assez tôt :
- Au démarrage à froid
- En descente ou sur le plat quand l’élan est suffisant
- Lorsqu’il fait très chaud
- Sur route glissante (pluie, neige, verglas)
Conclusion : l’écoconduite oui, mais pas à n’importe quel prix
En résumé, conduire de façon souple et anticipée est une bonne chose pour l’environnement et le porte-monnaie. Mais il ne faut pas pousser la logique à l’extrême au risque d’endommager son moteur.
Le mieux est de trouver le bon équilibre en fonction des conditions de roulage et des spécificités de son véhicule. Cela demande un peu de pratique et d’écoute, mais c’est le meilleur moyen de concilier performance, économie et longévité.
N’oubliez pas qu’un moteur en bonne santé consomme moins et pollue moins. Il serait dommage que votre traque d’économies à court terme se paie par de lourdes factures d’entretien à long terme. Votre mécanique vous remerciera de la ménager, avec le budget qui va avec !
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